CARL ROGERS
Présentation
Son apport ne se limite cependant pas à sa technique thérapeutique, Carl Rogers ayant appliqué la non-directivité à la pédagogie et au développement personnel.
Une nouvelle technique de psychothérapie
Né à Oak Park, près de Chicago, Carl Rogers étudie l’agronomie avant de changer de voie pour devenir pasteur. Au cours d’un séminaire à New York, il découvre l’intérêt de l’échange verbal, de la technique d’entretien entre le prêtre et ses fidèles, ainsi que l’importance d’apprendre par ses propres questionnements et expériences. Se tournant alors vers une formation universitaire en psychologie et en pédagogie, il obtient un poste de psychologue auprès d’enfants maltraités, puis devient professeur de psychologie à l’université de l’Ohio, en 1940. Tout en menant en parallèle ses activités de chercheur et d’enseignant — qui se nourrissent mutuellement -, il réfléchit à une nouvelle manière d’envisager le potentiel humain et la relation thérapeutique, différente de celle proposée par la psychanalyse et le béhaviorisme.
C’est dans la Relation d’aide et la psychothérapie (Counseling and Psychotherapy, 1942) puis dans la Thérapie centrée sur le client (Client-Centered Therapy, 1954) — où « client » signifie « patient ») — que Carl Rogers présente sa conception. Selon lui, l’individu lui-même sait ce dont il a besoin, et possède en lui-même toutes les ressources pour l’obtenir. Il doit seulement apprendre à se connaître et s’accepter, pour se développer et sortir de ses conflits affectifs. Dans ce but, le thérapeute utilise des méthodes fondées sur des principes précis. L’élément fondateur est la non-directivité, qui consiste à s’interdire toute pression ou toute suggestion. L’empathie est un principe à suivre pour le thérapeute, qui va chercher à se mettre à la place du client, tenter d’éprouver ses pensées et ses sentiments. Le client comme le thérapeute doivent tendre vers la congruence, c’est-à-dire la correspondance entre ce que l’on vit, comment on le ressent et comment on l’exprime. Parmi les techniques utilisées par le thérapeute, on trouve aussi la reformulation et la clarification des propos, le soutien à l’expression et l’aide à la prise de décision.
Le développement personnel et l’apprentissage
Selon Carl Rogers, le client en thérapie prend peu à peu confiance en lui, se sent plus libre et acteur de sa vie. L’objectif est de lui permettre de gérer sa nouvelle autonomie hors de la relation thérapeutique. Cette démarche est aussi celle que chacun peut entreprendre, tâchant de trouver en lui-même la trajectoire la plus personnelle, la plus propice à son développement. En 1961, Carl Rogers défend cette idée dans le Développement de la personne (On Becoming a Person), un ouvrage qui lui assure une immense audience dans le grand public comme dans le monde universitaire. Ses détracteurs sont pourtant nombreux, jugeant son approche simpliste ou négligeant les conflits passés enfouis inconsciemment. Carl Rogers a aussi une forte influence sur les remises en question pédagogiques qui agitent les années 1970. Pour lui, les seules connaissances réelles sont celles découvertes grâce aux questionnements et à l’expérience, bien plus que les apprentissages scolaires traditionnels. Là aussi, les critiques sont aussi vives qu’il y a de défenseurs de cette approche novatrice. Aujourd’hui encore, même si aucune école se réclamant de Carl Rogers n’existe réellement, ses multiples apports et sa dimension humaniste restent très appréciés et discutés.